Si le nom de Montesquieu est connu de tous, ce n’est pas le cas de celui de Jeanne de Lartigue. Pourtant, cette femme partagera sa vie avec le fameux baron de Montesquieu puisqu’elle en est son épouse.

Jeanne de Lartigue fait très probablement partie des enfants de Clairac. Pourquoi probablement ? Tout simplement parce que aucun document ne permet de l’affirmer avec certitude. La famille Lartigue vivait selon toute vraisemblance dans une maison aujourd’hui détruite dans le centre de Clairac non loin de la fameuse maison Montesquieu. Jeanne de Lartigue nait en 1692. Son père était officier et sera plus tard anobli en tant que chevalier de Saint-Louis en 1704. Il participera à plusieurs batailles et terminera sa carrière en tant que lieutenant-colonel d'infanterie au régiment de Maulévrier (vers 1690), un régiment du royaume de France plus connu sous le nom de Régiment du Beaujolais, nom qui sera pris plus tard par ledit régiment vers 1768. Si la famille Lartigue n’était pas noble à l’origine, elle n’en reste pas moins une famille protestante assez aisée. Selon les sources, la famille Lartigue possède plusieurs demeures et terres près de Martillac (en Gironde), Bordeaux et bien sûr Clairac. Du côté de Martillac, vit une famille bien connue, la famille de Montesquieu qui possède plusieurs terres et un domaine dans la baronnie de la Brède.

Le 22 mars 1715, Charles Louis Secondat de Montesquieu, après avoir rompu un premier contrat de mariage avec Marguerite Denis, fille aînée de Daniel Denis, signe un contrat de mariage avec Jeanne de Lartigue âgée alors de 23 ans. Le mariage est célébré dans la basilique Saint-Michel de Bordeaux le 30 avril 1715 sans la présence de leurs familles respectives. De cette union, trois enfants naîtront. Le premier en 1716 sera nommé Jean-Baptiste. Les deux autres seront des filles du nom de Marie-Catherine née en 1717 et Denise née en 1727. Mais si on en sait beaucoup sur Montesquieu, ce que l’on sait de Jeanne s’arrête là. D’après les diverses sources, la vie que mène Jeanne est assez effacée et peu documentée. Il est notamment fait mention de la perte de sa correspondance avec son époux. Les documents et les biographes notent tout de même que la gestion des finances lui a, dans une certaine limite, été confiée.

Ce que l’on sait, c’est que si Jeanne de Lartigue fut écartée de la vie mondaine et intellectuelle de Montesquieu, entre 1718 et 1721, le couple séjourna à Clairac et Agen. Montesquieu y rencontra François Labat de Vivens, un homme éclairé appelé le Chevalier de Vivens. Les deux hommes, partageant une passion commune pour la science et les arts se lièrent d’amitié. Montesquieu, passera un court séjour au petit Vivens, château situé non loin du quai Gambetta, avant de partir pour l'Autriche. Selon la légende, c’est pendant ce séjour qu’il eut l’idée d’écrire l’ébauche d’un roman épistolaire, inspiré des Lettres portugaises et permettant de mettre en perspective la société française et la gestion du royaume de France. Ce roman intitulé plus tard Les lettres persanes sera son plus célèbre roman épistolaire même s’il en réfutera sa paternité dans un premier temps pour éviter la censure et les représailles du roi. Il gardera une correspondance et une amitié profonde avec le chevalier de Vivens. Certaines correspondances des deux hommes sont encore consultables aux archives de Bordeaux et permettent de mesurer l’amitié et le respect qu’ils se portaient mutuellement.

Montesquieu mourut le 10 février 1755 à Paris à l’âge de 66 ans. Jeanne de Lartigue quant à elle mourut 15 ans plus tard le 13 juillet 1770 à Bordeaux à l’âge de 78 ans.

Aujourd’hui encore, une maison Clairacaise porte le nom de Montesquieu, hommage au philosophe qui séjourna ici, puisque sa maison ne survécut pas à l’histoire.