Cette année, la commémoration du 11 novembre a revêtu un aspect spécial. En effet, tous les villages et villes qui avaient un compagnon de la libération à honorer se sont retrouvés à Clairac le 12 novembre pour se souvenir de ceux qui ont sauvé leur patrie au siècle dernier.

Correction de l'article : Sandrine Boissié

Tout commence par la traditionnelle commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918 qui eut lieu au jardin public. Un hommage solennel fait aux soldats morts pour la France.

Le même jour, des véhicules militaires d’un collectionneur privé s’installent place Viçose. Il s’agit de véhicules américains qui ont participé aux opérations de libération du territoire français pendant la Seconde Guerre Mondiale. L’exposition montrait des véhicules divers de la simple Ford aux véhicules de combat. Plus loin, dans le gymnase se tenait une impressionnante exposition retraçant le déroulement de la guerre.

Pour point de départ, cette expo évoque la déclaration de guerre. Des affiches de cette déclaration accrochées aux grilles permettent de contextualiser cela. Le parcours continue avec des mannequins et plusieurs vitrines présentant des objets d’époque illustrant la vie sous l’Occupation. Puis vient un coin américain présentant des objets que les soldats outre-Atlantique nous ont laissés. Viennent ensuite les vitrines avec quelques pièces d’armement. En suivant, l’exposition s’ouvre sur un espace dédié à la Résistance. On peut alors y découvrir du matériel de transmission, de parachutage, les dispositifs de sabotage etc. Et, enfin, pour finir, le parcours se termine avec un coin dédié aux camps de concentration et leurs victimes.

Dans le lot des nombreuses vitrines, celles exposant divers objets de la vie quotidienne des civils durant l’Occupation ont particulièrement attiré mon attention. L’une d’elles était encore plus marquante que les autres : celle des tickets de rationnement. Ce dispositif, mis en place par Vichy pour permettre d’éviter certains abus de la part des civils, a été gardé même après la guerre ! Ils ne seront abandonnés qu’en 1949. Cette vitrine tend à montrer, entre autre, à quel point la vie était rude pour les gens de l’époque et à quel point les denrées étaient limitées. Les tickets ne concernaient pas seulement la nourriture, mais aussi le textile, certains matériels, ou éléments de la vie courante. Même l’agriculture avait droit à son lot de bons à utiliser. Dans la même vitrine étaient aussi présents des cartes et papiers d’identité qu’il fallait présenter partout. Dans la vitrine d’à côté, on pouvait découvrir du matériel médical de l’époque, autant utilisé dans le domaine civil, que dans le domaine militaire. Une autre encore présentait des objets apportés par les soldats allemands occupant le territoire à cette époque : des armes, des pièces d’armement, des ustensiles, etc.

Dans la zone des uniformes, les mannequins présentaient ceux des camps français, allemands et américains. Un autre mannequin représentant un parachutiste avec son parachute déployé au-dessus de l’exposition. Cette mise en scène permettait de mesurer le poids et l’encombrement des soldats qui s’élançaient depuis le ciel.

En bref, cette exposition permettait véritablement de comprendre et de se faire une idée émouvante de la vie des civils, des soldats et des Résistants pendant cette sombre période.

Le 12 novembre, vers 14h30 eut lieu l’événement le plus attendu. Plus d’une centaine de personnes sont venues assister à l’hommage rendu aux compagnons de la libération. Parmi les personnalités publiques, nous pouvons citer plusieurs généraux dont le général Christian Baptiste, délégué national de l'Ordre de la Libération ; des représentants du 48^ème régiment de transmission d’Agen, le premier régiment d’infanterie d’Angoulême, l’escadrille Normandie-Niémen de Mont-de-Marsan, des représentants de la gendarmerie du Lot-et-Garonne et les pompiers de Clairac ; le préfet Jean-Noël Chavanne ; les députés et sénateurs du département ; des membres du conseil départemental du Lot-et-Garonne ; les maires de Clairac, Mézin, Barbaste et Agen ; l’inspecteur d’académie Patrice Lemoine et pour finir, la ministre chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants Geneviève Darrieussecq. Tous étaient présents pour honorer les cinq Compagnons de la Libération Jean Cadeac d’Arbaud (Agen), Louis Godefroy (Barbaste), Pierre Delsol (Clairac), Eugène Reilhac (Clairac), Henri Labit (Mézin). Après le discours d’ouverture du maire de Clairac, le général Christian Baptiste, délégué national de l'Ordre de la Libération s’est adressé aux personnes présentes et notamment aux enfants des collèges d’Agen, Mézin, Barbaste et Clairac. Son discours fut écouté dans un grand silence par les enfants présents dans la salle.

Ensuite, H. Tonton, l’auteur de l’affiche annonçant la commémoration expliqua son travail et la symbolique qu’il souhaitait dégager dans son dessin : la transmission de la mémoire à la jeunesse, le parachutage des armes, et la silhouette du clocher de Clairac où se déroulait l’événement.

Puis, les différents classes présentes se succédèrent sur l’estrade. Chacune avait travaillé pour rendre hommage au compagnon de la Libération de sa ville. Un hommage émouvant de la part de la jeunesse qui ne laissa personne de marbre. Leur présentation se termina par un couplet du chant des partisans. Pour fnir, la ministre Geneviève Darrieussecq monta sur l’estrade à son tour pour remercier les enfants, rendre un hommage au dernier compagnon de la Libération mort le mois précédent, Hubert Germain. Elle continua en rappelant l’importance de cette commémoration en l’honneur de ceux qui sont morts pour libérer le territoire.

Une fois le discours de la ministre terminé, la foule se dirigea vers le jardin public où la cérémonie prit un ton plus solennel. Les portraits des compagnons de la Libération furent exposés devant le monument aux morts et entourés par des enfants originaires des mêmes communes que ces héros de la nation. Des gerbes de fleurs avaient été déposées au préalable sous les portraits. Les officiels, sous la présidence de la ministre déléguée de la Mémoire et des Anciens Combattants, arrivèrent devant le piquet d’honneur. Après cela, la ministre prononça un discours remerciant la jeunesse pour son implication. Elle rappela aussi rapidement les actes de bravoure des compagnons de la Libération en saluant les élus locaux pour leur initiative. Puis vinrent les moments de recueillement des divers officiels présents. La ministre Geneviève Darrieussecq déposa devant le monument aux morts une gerbe en forme de croix de Lorraine. Le chant du refrain de la Marseillaise se fit entendre avant le chant des partisans chanté par tous, accompagnés de la chorale des rossignols du Tolzac. La cérémonie au jardin public se clôtura par le salut des officiels aux porte-drapeaux.

La dernière phase s’est déroulée place Viçose où une plaque commémorative, en l’honneur de Pierre Delsol, fut dévoilée rebaptisant ainsi cette rue « Rue du Lieutenant-Colonel Pierre Delsol ». Ainsi, se termina cette journée commémorative des compagnons de la Libération.